Les Coups de coeur de l'Association Française de Haïku

Association Française de Haïku -

concours 2007 - résultats

LES COUPS DE COEUR DU JURY

Concours AFH 2007

   

Coups de cœur
d'Alain Legoin

   

Haïku

   

haut pâturage
    descente lente des vaches
    et du soleil

   

Blanca Maria Nanette Baquero

   

Pourquoi lui? Parce qu'il paraît si simple, si anodin qu'on pourrait le recevoir comme une banale photo de carte postale codifiée " Scène montagnarde", et qu'au jour d'aujourd'hui quand je le lis et relis, je le reçois comme un cadeau de simplicité, un instant de vie parfaitement observé.

   

A cette scène quotidienne vient se greffer, en césure, le rapport au temps qui passe… Alors, ce tableau prend sens dans ce qu'il représente d'universel: du haut des pâturages, les bêtes rentrent, quand, de haut le soleil devient bas, avant que tout le monde ne se couche.

   

Le rythme est supposé régulier, ne sachant à qui, de la bête ou du soleil, il est la référence. Tout concourt à une sérénité: la rime interne "ente", qu'on laissera traîner avec naturel, renforce l'apparente allure tranquille.

   

Ainsi va la vie, liée au mouvement de la terre, et à sa ronde autour du soleil, d'aube en crépuscule… La prochaine fois que j'irai en Chartreuse, je me rappellerai ce haïku, si emprunt de vérité remarquable. J'entends déjà les clarines…

   

Senryû

   

Mes empreintes
sur le clavier
Je n'ai tué personne

   

Marcel Peltier

   

Quelle ouverture ! Bien sûr, parce que tout d'abord, j'ai imaginé un piano, et le pianiste fier de n'avoir pas assassiné pour la première fois Chopin ou Satie… Ce senryû pourrait donc célébrer une interprétation enfin réussie et exprimée avec soulagement !

   

Ensuite, j'ai pensé au possible clavier de machine à écrire (ou d'ordinateur) sur lequel l'écrivain composerait le texte d'une Nouvelle qui s'intitulerait "Je n'ai tué personne". L'identification de l'auteur serait irréfutable…

   

Puis, je me suis torturé l'esprit en cherchant encore d'autres rapports possibles entre un clavier et un meurtre renié. Peine perdue. A moins que l'auteur n'ait plutôt tué le temps que quelqu'un devant son clavier.

   

A moins, aussi, que de mes images mentales, rien de tout cela ne corresponde aux raisons d'interpellation immédiate. Alors là, ce n'en serait encore que mieux, et ne regretterais pas mon choix !

   

Je resterai donc en quête sur les motifs d'un crime qui n'a pas eu lieu. J'invite son non-auteur à prendre contact avec moi…