Editions Chloé des Lys

26 février 2023

Texte signé Carine-Laure Desguin paru dans la revue AURA 115 "De mal en pis" pour le thème LE CERCLE

Source : Aloys

 

De mal en pis

 

 

   Vous me convoquez. Je réponds positivement malgré la montagne de boulot que je dois attaquer d’un moment à l’autre. J'attends dès lors depuis trente-cinq minutes dans une salle non chauffée qui ressemble à un cube vide. Un 24 novembre à dix-huit heures. Et à présent que je suis face à vous, monsieur ? monsieur ? monsieur le commissaire ? je ne connais pas plus la raison de ma convocation que votre nom ou votre grade. Vous pianotez sur votre ordinateur les infos que vous lisez sur ma carte d’identité via un autre ordinateur. Mon groupe sanguin, ça vous intéresserait de le connaître? Et mon ADN, ça vous dit ?

   Ne vous emballez pas. C’est compliqué.

   Compliqué ? Expliquez-moi alors.

   Votre carte d’identité.

   Je l’ai renouvelée à temps.

   Oui. La date est correcte.

   Vous vous moquez de moi !

   Pas vraiment, non. Steve Raf, vous connaissez ?

   Oui, c’est moi !

   Votre carte d’identité, une fois introduite dans le décodeur, signale que vous vous appelez Paul François.

    Ah ah ah, je suis écrivain. Steve Raf, c’est mon pseudonyme ! Parce que Paul François, c’est pas … vous comprenez.

    Non, je ne comprends pas, monsieur François.

    Steve Raf, ça donne une touche amerloque. J’écris des romans policiers, vous comprenez, alors les meurtres qui pullulent et le sang qui pisse, ça me connaît.

    Ça tombe à pic.

    Ah ?

    Vous ne comprenez toujours pas ?

    Arrêtez de tourner en rond et soyez direct. Du boulot m’attend, je ne suis pas un glandeur moi monsieur.

    C’est au sujet du meurtre. Dans cet appartement juste au-dessus du vôtre. Le meurtre de cette veuve, madame Crépillon.

    Tout ce que je sais je l’ai dit mille fois. J’étais absent à cette période-là. Je ne peux rien dire de plus. Je ne connaissais pas cette dame. Et puis, cette histoire est révolue, jetée aux oubliettes. Trois mois, ça fait bien trois mois que cette pauvre dame mange les pissenlits par la racine.

    Expliquez-moi alors comment un tapuscrit signé Paul François se trouvait dans le coffre de la victime. Dans le coffre d’une banque que je ne vous citerai pas.

    Vous plaisantez ?

    J’ai l’air de plaisanter ? Et puis, dites-moi, vous aussi vous tournez en rond. Vous dites ne pas connaître la victime. Un tapuscrit signé Paul François est découvert dans le coffre de cette victime. L’histoire, je l’ai lue. Elle mentionne le nom d’Yvonne Crépillon, justement. Yvonne Crépillon, assassinée lâchement. Par un hula-hoop tourné 314 fois autour de son cou. Et, vous ne l’ignorez pas, la victime a été étouffée de cette façon. Je continue ?

   Je ne comprends pas. Je n’ai pas écrit cette histoire. Je m’en souviendrais quand même !

   Soit. Demain matin, une perquisition aura lieu chez vous. J’attendais autre chose de vous lors de cet entretien. Pour un écrivain, vous manquez d’imagination, vraiment. Et vous ne me demandez même pas le titre de ce livre. C’est qu’alors, vous le connaissez, non, ce titre ?

   Non, je suis comment dire … éberlué d’apprendre tout ça. Le titre ? Quel est le titre de ce livre ?

   Sans doute un titre provisoire car non pas écrit sur une ligne droite mais écrit sur la circonférence imaginaire d’un cercle, écrit en rond quoi.

   Un cercle dites-vous ?

   Oui, étrange n’est-ce pas ?

   Mais quel est ce titre, putain, quel est ce titre ?

   Il faut tourner la tête pour lire ce titre, presque se la dévisser.

   Putain, quel est ce titre ?

   Trois virgule quatorze.

   Trois virgule quatorze ?

   Oui, Trois virgule quatorze.

   Je pensais à un autre titre, diamétralement opposé.

   Et vous semblez en connaître un rayon, malgré tout. Étrange tout ça.

 

Carine-Laure Desguin

http://carineldesguin.canalblog.com

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24 février 2023

Bernard Wallerand dans L'Avenir

"Dans la soupente des artistes" de Bernard Wallerand : les chemins croisés de l'art


Passionné de Van Gogh, Bernard Wallerand a enseigné le français à l’institut Saint-Luc. Il y a croisé des étudiants tendus vers une carrière artistique. Parmi eux, Eliott, élève en 6e illustration, conjugue différents aspects de la personnalité évoquée. Fragile, amoureux et talentueux, le jeune homme est resté bouleversé par le décès de son frère aîné. Le romancier établit un parallélisme entre le grand peintre et l’adolescent. " Je me suis beaucoup documenté sur la vie de Van Gogh, confie Bernard Wallerand. Dans mon récit, on le retrouve en fin de vie, à l’auberge de Ravoux, dans sa soupente. Il fait un retour sur son existence, sur son enfance marquée par l’absence d’un frère mort un an avant sa naissance. Tout son parcours sentimental remonte aussi à la surface. Ses amours impossibles, ses rêves déçus, son itinéraire artistique… Cet homme avait l’amour des gens simples, s’émouvait de la pauvreté. "

 Bernard Wallerand a souvent évoqué Van Gogh dans ses cours, à l’institut Saint-Luc.

Lire l'article en entier sur lavenir.net

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22 février 2023

Robert FIESS - Un amour de hamster

Auteur : Robert FIESS

Illustrateurs : Plop et KanKr

Titre : Un amour de hamster

Editeur : Editions Chloé des Lys

ISBN : 978-2-39018-249-8

Prix 39€

259 pages

409g

Format A5

 

Biographie :

 

Robert Fiess a un parcours de journaliste. Après RMC, E1, L’Express, Newsweek, Antenne 2, également boursier de la Fondation Nieman à Harvard, il a cofondé l’édition française du magazine Géo ainsi que l’Académie Prisma Presse pour la presse magazine. Il anime aujourd’hui un blog d’imprégnation écologique lecrapaud.fr et écrit sur les problèmes liés à l’environnement. Il est également auteur d’un ouvrage Celui qui marche dans la beauté, publié aux Éditions Nuage rouge, à savoir l’itinéraire d’un Européen ayant partagé la vie des Indiens Navajos d’Arizona.

 

 

Plop & KanKr, alias Julie Besombes et Simon Baert, est un duo de dessinateurs français, installé dans le Béarn, publiant régulièrement dans la presse régionale, nationale et internationale (Le Monde, Siné Mensuel, Sud Ouest dimanche, Le Temps, Le Sans-Culotte 85, L’Anjou Laïque, La Galipote…) et à la télévision (Une semaine dans le monde sur France 24).

Julie Besombes est diplômée d’un DNSEP aux beaux-arts d’Orléans et Simon Baert d’un master EPIC en sociologie à l’université de Nantes. En 2017, ils ont rejoint l’association des dessinateurs de presse francophones France-Cartoons et en 2020 le réseau international de dessinateurs de presse engagés Cartooning For Peace ainsi que Cartoon Movement. Depuis 2020, ils sont aussi membres d’ARCAD, une association de rencontre pour la création artistique et son développement, situé à Bayonne et de L’Encre Sympathique, un atelier regroupant une dizaine d’artistes issus des arts graphiques, situé à Billère.

Ils publient des recueils de leurs dessins chaque année depuis 2015 et contribuent à des ouvrages collectifs. Ils participent par ailleurs à différents festivals de caricature et de dessin de presse et animent des ateliers et rencontres, autour du dessin de presse et de l’illustration, en milieu scolaire, hospitalier, carcéral…

 

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 Résumé :

 

Après une longue lutte avec leurs parents, une fillette de neuf ans et son jeune frère obtiennent enfin l’autorisation d’avoir un animal à la maison. Un petit hamster sera la seule concession faite par la maman dans le choix de l’animal de compagnie tant souhaité. La fillette va cristalliser toute son affection, ses jeux, ses propres coquetteries aussi autour de ce rongeur, dont elle affirme de plus en plus la propriété exclusive. Ce nouvel ami va l’aider dans un difficile passage de sa vie. Mais, un an à peine après l’arrivée de cette boule de poils, survient le drame...

 

 

Extrait :

 

Page 21

 

Le hamster que j’avais choisi était bien moins expressif que le colley, mais il montrait des signes d’éveil et de curiosité encourageants. Il restait en effet à nous regarder de ses petites billes noires.

Qu’il fût le seul à sortir de son sommeil, cela voulait déjà signifier quelque chose, non ?

J’observais ma mère.

— Hein, qu’il est mignon ! lui dis-je.

Elle ne voulut pas gâcher ma joie.

— Très mignon, chérie, répondit-elle. Très, très, très… mignon, sur un ton ironique.

— Maman arrête, s’il te plaît.

— Je plaisante…

Elle embraya vite.

— Tu as déjà un nom pour lui ?

— Soubisou, déclarai-je sans hésitation. Je l’appellerai Soubisou !

Ça allait de soi, me semblait-il, pour un hamster que j’aimais déjà.

Il fallait maintenant lui choisir une cage.

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20 février 2023

Bernard Depelchin - Pourvu qu’il pleuve

Auteur : Bernard Depelchin

Titre : Pourvu qu’il pleuve

Editeur : Editions Chloé des Lys

ISBN : 978-2-39018-251-1

Prix : 20,60€

126 pages

Format A5

 

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Biographie :

 

Originaire de la région de Bruxelles, Bernard Depelchin habite depuis plus de vingt ans près d’Arlon, dans le sud-est de la Belgique. Âgé de quarante-huit ans, il occupe un poste de juriste dans une entreprise luxembourgeoise. En plus de l'écriture, il occupe son temps libre principalement en jouant du piano ou en composant de la musique électronique (projet Arcus). Pourvu qu'il pleuve est son premier roman.

 

Résumé :

 

Ludovic est assis sur un banc public. Pause-déjeuner après une pénible matinée au bureau.

Engourdi par les rayons d’un soleil radieux, il plonge dans son passé. Soudain, venu de nulle part, le souvenir d’Anna, son amour d’enfance. Qu’est-elle devenue ? Trente-cinq ans qu’il ne l’a plus vue. Troublé par cette fulgurance, il la recherche sur Internet et tombe sur une photo de son visage. Un visage qui le bouleverse profondément et ne le quittera plus.

Une seule photo aura suffi à bousculer le quotidien lassant de Ludovic. Son obsession pour Anna ne faiblit pas, lui colle à la peau et déclenche en lui un profond séisme. Une remise en question de toute sa vie. La raison s’éloigne petit à petit et une idée folle agite son esprit : partir à la conquête d’Anna. Mais après tant d’années écoulées, que lui reste-t-il à offrir ?

 

Extrait :

 

Nous étions neuf à jaillir de quatre maisons du quartier. Nous habitions tous à moins de deux cents mètres les uns des autres. Pas d’enfant unique, trois nationalités. Et une différence d’âge de cinq années entre le plus jeune et le plus âgé. C’était beaucoup. C’était trop pour que le temps nous accordât plus que trois ans à demeurer tous ensemble. Le plus souvent, cela se passait le dimanche après-midi. Plutôt que de moisir dans le divan des parents, nous nous retrouvions à l’air libre, peu importait la couleur du ciel. Notre terrain de prédilection avait été un parc ou une plaine – je ne savais plus trop – soit, un coin de verdure de toute évidence délaissé par les services de la ville et constitué notamment d’un bosquet d’une trentaine d’arbres. Lors de chacune de nos retrouvailles, nous nous emparions de ce décor en apparence des plus ordinaires, mais qui eut la force de me replonger dans une mer de souvenirs fabuleux. C’est fou comme la simplicité donne souvent de la valeur.

 

Les jeux se répétaient, les scénarios aussi. Et on aimait ça. Presque toujours une histoire de bagarre initiée par les garçons. Les filles, elles, suivaient, sans fâcherie. Moi, ma seule préoccupation, c’était elle. À chaque fois, j’espérais que dans le camp d’en face, il y aurait de la résistance, du costaud. Pour lui montrer ma vaillance. Ça tombait bien : les grands se mettaient souvent ensemble contre nous. Quatre contre cinq. Ils avaient une fille, nous trois. Et moi, la plus jolie. On se marrait bien. Ils attaquaient, on défendait. Je défendais. Elle avant les autres. En secret, au fin fond de mon coeur, j’en faisais une affaire d’amour-propre. Mon dévouement ingénu à son égard devenait total. Sans doute n’a-t-elle jamais rien remarqué ni jamais rien ressenti. M’en foutais. Je la voyais quand même toute à moi. Je me la réservais à l’exclusion de toute autre. Lorsque les grands nous fonçaient dessus, au milieu des cris de fausse frousse s’élevant de notre camp, je restais près d’elle. J’étais sa garde. Son garde. Parfois, j’osais l’enlacer, mais surtout sans serrer. Ne pas l’étouffer. Ne pas l’incommoder. La laisser jouer. Avec ma maladresse et mes prétextes, je l’entourais de mes bras d’enfant. Une muraille que je voulais infranchissable. C’était pour la protéger. Des grands et de tout. Puis, dans un cri de guerre à gorge déployée, je fondais sur eux pour espérer gagner. Surtout pour l’éblouir. Je n’avais pas souvenir qu’elle riait. L’image qui me revenait était juste un large sourire et des yeux émerveillés. Pourvu que ce fût parce qu’un petit garçon de son âge lui attachait tant d’importance.

 

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