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Editions Chloé des Lys
19 décembre 2022

Etranges fractures - Alain Charles

Auteur : Alain Charles

Titre : Etranges fractures

Editeur : Editions Chloé des Lys

ISBN : 978-2-3901-8245-0

Prix : 23,40€

 

Poids : 305 gr

Dimension : 14.6 x 20.5 x 1.4

Nombre de pages : 201

 

9782390182450_1_75

 

 

Bio.

Alain CHARLES habite Baudour, il exerce la profession d’ingénieur dans une société de construction en Wallonie picarde. Après deux recueils de nouveaux et quatre romans dont « Une si jolie poseuse de bombes » et « Dans sa maison un grand cerf » paru en 2022, « Etranges fractures » est son premier recueil de contes fantastiques.

 

Résumé :

Pénétrant par effraction dans une villa cossue au bord de la mer, Aaron, petit délinquant sans envergure, visite les Enfers.

Arthur et Jojo voyagent dans l’espace et le temps. Leur moyen de transport, une bulle de latex qui apparaît lors d’un brouillard dense.

Une voix guide un visiteur dans un musée très particulier. Durant le parcours initiatique, il se rend compte que son seul et unique but en d’en sortir vivant.

Rachel et Jean sont convaincus qu’une expérience de mort imminente partagée est la seule solution avant de s’engager dans une vie commune. Ils partent ensemble dans le tunnel banc, l’anesthésiste attend leur retour.

Chaque histoire débute dans la vie quotidienne. Exploitant le paradoxe et défiant la logique, elles se poursuivent dans des imaginaires décalés, des univers désynchronisés, métamorphosés « qui ne sont pas plus éloignés que la terre l’est du ciel ».

 

Extraits :

Une villa au bord de la mer.

Ce sont les âmes des mortels qui n’ont jamais rien foutu sur terre, ni en bien ni en mal. Ayant mené une vie dénuée de sens, elles déambulent indéfiniment dans cette plaine. Leurs seules douleurs, et elles ne sont pas des moindres, sont la solitude, car elles ne peuvent communiquer entre elles, et le désespoir. Ces âmes connaissent un abattement total, une affliction profonde, un chagrin incommensurable et elles ne peuvent le partager. Vous le savez, Aaron, il est impossible de vivre sans espoir. Un être qui souffre, s’il veut continuer à vivre, espère que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. S’il sait que ce ne sera pas, il choisit la mort en toute conscience, car il la voit comme une délivrance. Les âmes qui errent dans ce lieu boivent le calice jusqu’à la lie, elles haïssent le temps et ne peuvent se consoler dans la libération du trépas, car elles ne mourront pas et elles le savent. Mais, avançons, il est inutile de traîner, elles me donnent le cafard.

 

Balade Forestière.

Sans déplacement véritable, ils étaient restés dans la forêt à côté de chez eux, ils avaient quitté le temps présent et étaient retournés dans le passé, sans moyen particulier, hormis le brouillard et la bulle de latex blanc. Même dans la littérature, Arthur ne se rappelait pas que ces moyens aient déjà été expérimentés. L’hypothèse qu’ils soient réels et tangibles était aussi improbable que l’existence des courbes temporelles ou d’un univers parallèle, sauf s’il admettait que le temps n’était qu’une illusion.

Et si le temps n’existait pas. Où s’il existait, ce serait uniquement sous les formes du passé et du futur.

Tout en marchant, Arthur se creusait les méninges, il n’acceptait pas sa condition actuelle, à savoir, de voyageur du temps. Il était peut-être tombé dans un trou de ver, cher à Einstein, ou avait subi une téléportation quantique.

 

Le musée

Je remontai le devant de la troupe et remarquai que les corps étaient tous dirigés dans une même direction. Arrivé au niveau du premier individu, je m’agenouillais et l’époussetai.

La peau de son visage était grise et ses cheveux blancs se détachaient par touffes. Le retournant sur le dos, je posai mon oreille sur sa bouche, un faible souffle en sortait et la carotide jugulaire montrait un léger battement. De toute évidence, cet homme n’était pas mort, mais engourdi et léthargique, comme en hibernation.

Lentement, ses paupières se soulevèrent et je perçus un murmure. La voix était enrouée, mais douce, il me sommait de partir.

—    Vous n’avez donc pas compris, laissez-nous tranquilles et disparaissez, vous n’avez rien à faire ici, vous n’êtes pas des nôtres.

—    Quels nôtres, qui êtes-vous ?

—    Je vous en conjure, sincèrement, vous êtes vivant, partez avant qu’il ne soit trop tard.

—    Vous aussi vous êtes vivants, votre cœur bat, vous parlez, je vais sortir d’ici, je vous le promets et j’irai chercher du secours.

—    C’est inutile, notre temps est révolu.

Ses paroles devenaient de plus en plus inaudibles et ses paupières se refermaient sur ses yeux vides.

Dans un ultime effort, il tenta de reprendre sa position initiale.

      —  Monsieur, monsieur, restez avec moi, parlez-moi.

—    Il n’y a plus rien à dire, disparaissez et ne revenez jamais.

—    Mais…

—    Regardez-vous, vous ne voyez pas que vous devenez comme nous. Partez et laissez-nous en paix, ne gâchez pas vos dernières chances

 

EMI

Comment te sens-tu après ce voyage dans l’au-delà, parce que c’était dans l’au-delà, n’est-ce pas, trois longues et interminables minutes ? Au début, j’ai cru apercevoir une brume s’élever, flotter au-dessus de toi, les autres n’ont rien dit, car personne n’a rien vu. À ce moment-là, je n’avais pas eu peur, tu étais toujours parmi nous, même si ton cœur ne battait plus et que tu ne respirais plus, tu étais là, à côté de moi, et je leur ai dit, non, mon Jean n’est pas mort, mais je crois qu’ils ne m’ont pas cru et toi, tu n’as rien entendu, j’ai hurlé si fort, que les fondations de l’hôpital ont tremblé, ou ce n’était que le bloc opératoire, je n’en savais rien. Quand tu as touché le plafond, j’ai imaginé que tu me regardais, je me faisais sans doute des illusions, car dans ta situation, tu avais autres choses à faire que regarder une faible femme s’énerver. Ton corps avait la forme d’un nuage blanc ou l’inverse, ça n’a plus d’importance, il a touché le plafond et je voyais bien qu’il voulait partir, quitter la pièce, mais je me suis dit que c’était une fameuse dalle de béton et que tu ne la traverserais pas. Mais quand tu as commencé à disparaître, je serais bien montée sur une chaise pour te retenir, mais je n’en ai pas trouvé. Je tournais en rond comme une lionne en cage, ils ont dû me prendre pour une folle, mais ça n’avait pas d’importance. Eux, ils restaient plantés devant leurs appareils qui ne bronchaient plus, ce n’était pas dans cette direction qu’il fallait regarder, mais vers le plafond. Pour une fois, je me suis tue, je pense que de toute façon, ils ne m’auraient pas cru. Et puis, tu as été aspiré par je ne sais quel phénomène, tu disparaissais comme un brouillard sous une soudaine forte chaleur et j’ai pleuré, quelques larmes seulement, car je savais que tu reviendrais, je ne savais pas quand, mais j’avais raison, encore une fois, vu que tu es maintenant là, à côté de moi et bien en vie, n’est-ce pas, Jean chéri.

 

 

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