Concours acte 4 : texte 7
Reviens !
Et tu crois t'en tirer comme ça ?
Tu m'as condamnée à errer pendant plus d'un an dans cet espace-temps nébuleux qui vacille entre la vie et la mort.
Tu m'as surprise dans les bras de mon petit ami, telle une vulgaire voyeuse.
Tu as fait passer mes parents pour des rustres et des affabulateurs.
Tu les as volontairement empêchés de faire leur deuil.
Tu as poussé mon père au suicide et à l'assassinat de ma mère.
Tu as malmené les habitants et les touristes de mon île.
Tu as dévoilé mon histoire et nos intimités au monde entier ( si ! j'en suis sûre , ne fais pas cette tête hypocritement modeste ).
Tu as cru qu'une compassion de bon aloi allait arranger cela.
Tu as cru qu'une stèle cachée au fond des bois allait tout effacer.
Tu as cru respecter notre culture mais tu t'es trompée sur nos rites funéraires.
Tu as cru respecter notre folklore en dansant comme une hystérique devant notre troupe de danseurs et danseuses chevronnés.
Tu n'as rien compris aux problèmes des réfugiés syriens en Grèce.
Alors ?
Attendu que tu m'as bel et bien fait basculer de l'autre côté de la vie,
Attendu que tous les reproches qui précèdent sont avérés noir sur blanc dans ton livre,
Je te condamne à ...
Non, je ne peux pas.
Je suis sûre que malgré le destin et les mésaventures que tu as réservés à tous les personnages du livre, tu les as aimés et chéris.
Et puis, tu n'es pas entièrement responsable, je crois. Plus d'une fois ils t'ont échappé et n'en ont fait qu'à leur tête, comme moi.
Alors, reviens te coucher sur le sable chaud de l'île, ferme les yeux, écoute le vent, le flux et le reflux des vagues... et rêve !