Alain Charles nous présente son nouveau roman " Eliot ou L'origine du mal"
Bio
Alain CHARLES habite Baudour, il exerce la profession d’ingénieur dans une société de construction en Wallonie picarde. Il a déjà publié plusieurs recueils de nouvelles, contes fantastiques et romans dont « Une si jolie poseuse de bombes » paru en 2022, « Ciel bleu avec nuages » en 2023, « L’Enchère » en 2024. Il a également publié en 2024 « L’attente », une pièce de théâtre. « Eliot ou l’origine du mal » est son huitième roman.
Résumé.
Quel est donc cet esprit des ténèbres qui dans le ciel, blasphème, se bat contre les anges et sur terre, se sert de l’homme, l’afflige, le tourmente, l’excite, puis dans l’abîme, le punit ?
Eliot, un enfant de six ans, assassine sauvagement Oswald, un vieux fermier qui désirait l’aider, car Eliot a un problème, il ne parle pas, même s’il en a les capacités.
Avant ce funeste fait divers, il avait visité la chapelle abandonnée du village et en était ressorti changé, perturbé, la peau couverte d’ecchymoses, de griffures.
Les enquêteurs et la médecin légiste tergiversent, un gosse de cet âge est-il capable d’un tel acte ? À moins que…, ce soit lui sans l’être réellement.
Depuis la légitimation de son existence, Satan a inspiré plus de terreur que Dieu, d’amour, serait-il, alors, la pierre angulaire de toutes sociétés humaines et dans le ciel, le bourreau de Dieu ?
EXTRAIT
— Grouille-toi, petit enfoiré, et donne-moi le bilan de l’état du monde.
La voix était grave, caverneuse, le rictus se devinait, le sourire était crispé, le rire cynique, elle provenait de derrière un écran de fumerolles, l’odeur de brûlé était déplaisante, répugnante et même s’il y était accoutumé, elle le dérangeait.
Il n’avait évidemment pas prononcé de formule de politesse, un « s’il vous plaît » lui aurait arraché la gueule, mais Il était le Maître Suprême et lui, un novice que le sort avait désigné.
Même s’il n’y avait pas été invité, il fit quelques pas timides, il aurait voulu le voir, braver l’interdit, mais la fumée était dense et l’exhalaison fétide.
— Arrête-toi, petit crétin, et parle.
— Eh bien, voilà, c’est que… par quoi commencer ? L’état du monde est si…, comment dire pour vous plaire ? Désastreux, fâcheux, funeste…
— Continue, éveille mon intérêt et donne-moi les détails qui m’agréent, mens si nécessaire, mais trouble-moi, fais-moi jouir, j’en crève d’envie.
***
— Il ne faut jamais renier ses souvenirs, Phil, ils gardent au chaud la mémoire et quand on devient vieux comme moi, on les réactive et le cœur s’emballe de nouveau pour les belles d’un soir, devenues aussi vieilles que soi. Quand je rencontre ces gâteuses dans le village, je ne peux pas m’empêcher de sourire en pensant à ces moments libertins et je ris de bon cœur quand elles s’encourent, me prenant pour un fou sénile, comme si elles avaient honte des souvenirs, d’une main posée sur un sein, une cuisse chaude et tremblante, d’un élastique de culotte écarté, une première découverte, une première timide jouissance. En y repensant, j’aimerais encore bander, mais c’est devenu difficile, Phil, alors, fait comme je te le dis, emmagasine les images, les émotions, elles te seront utiles au soir de ta vie, quand tu seras baveux et grabataire.
— Tu ne l’es pas, Oswald.
— Dans ma tête, un peu, et crois-moi, Phil, c’est triste, horriblement triste et ennuyant.