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Editions Chloé des Lys
26 décembre 2022

Dans la maison un grand cerf - Alain Charles

Auteur : Alain Charles

Titre : Dans la maison un grand cerf

Editeur : Editions Chloé des Lys

ISBN : 978-2-3901-8244-3

Prix : 23,40€

 

Poids : 300 gr

Dimension : 14.6 x 20.5 x 1.4

Nombre de pages : 201

 

 

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Bio.

Alain CHARLES habite Baudour, il exerce la profession d’ingénieur dans une société de construction en Wallonie picarde. Il a déjà publié plusieurs recueils de nouvelles et de contes fantastiques, et trois romans dont « une si jolie poseuse de bombes » paru en 2022. « Dans sa maison un grand cerf » est son quatrième roman.

 

Résumé

Dans sa maison un grand cerf, regardait par la fenêtre, mais le gosse, dans son cagibi obscur, n’en avait pas. Cette comptine, elle la lui chantait et la mimait chaque soir, avant qu’il ne revienne, ivre et brutal. Les raisons de sa séquestration, il ne les connaissait pas, comme il ne savait pas qui il était. Du début de sa mémoire, il n’avait connu qu’une minuscule pièce sombre, puis une horrible cave humide et puante, mais aussi, ses bras et sa voix, douce comme celle d’une maman.

De Sarah ou de Mathilde, un jour, devra-t-il choisir ? À moins qu’il ne préfère la liberté et le rêve.

 

Extrait

 

   C’était une cave, une grotte, un tunnel, un souterrain, ou quelque chose comme ça.

    Il y faisait sombre, froid, humide, l’eau courait sur les murs, sur le sol, coulait dans la rigole, elle puait.

    Le perpétuel goutte-à-goutte ressemblait à un supplice moyenâgeux, il usait toute résistance, érodait jusqu’à l’intérieur de la tête. Le manque de sommeil dû à ce bruit sinistre et lancinant rendait fou.

    Et que dire de la claustrophobie, des crises de panique, de la peur de suffoquer ?

    C’était un endroit fermé, sans issue, sans lumière, un lieu effrayant rien qu’à l’idée qu’il était impossible d’en sortir.

    Bien que l’espace soit confiné, il sentait le danger à plein nez. L’angoisse rebondissait sur les murs concaves, s’amplifiait, son écho assourdissait même en se bouchant les oreilles.

    Il n’y avait pas d’extérieur, il n’y avait que le dedans.

    Il n’y avait pas de jour, il n’y avait que les ténèbres.

    Il n’y avait pas de vent, rien qu’un souffle qui exhalait l’odeur infecte d’un égout.

 

***

    Elle quitta enfin son poste d’observation, retourna à la cuisine, y revient avec deux cafés, puis s’installa à la table devant Zénobe.

—    Voilà, monsieur Zénobe, vous comprenez maintenant pourquoi je suis prioritaire.

—    Mais prioritaire sur quoi, Mathilde ?

—    Ben, sur l’enfant pardi.

—    Voyons, Mathilde, nous ne savons même pas où il est.

—    C’est là que je peux vous aider, mais quand nous le récupérerons, il est à moi et pas à cette Sarah. Comprenez-moi, Zénobe, seule, il est impossible que je le retrouve et même si je le retrouve, mon ex est capable de tout et j’ai peur. Ne dit-on pas qu’ensemble, on est plus fort.

—    Mais vous n’êtes pas sa mère, Mathilde.

—    Sarah non plus. C’est moi qu’il l’ait nourri, soigné, protégé, vous m’entendez, Zénobe, c’est moi et moi seule qui l’ait aimé.

    Elle prononça cette phrase avec beaucoup de colère dans la voix.

—    Sarah pensait qu’il était mort quelques jours après sa naissance.

—    Quelle belle affaire, si elle a pu vivre sans lui jusqu’à maintenant, rien ne changera pour elle.

—    Mais, tout a changé, Mathilde, à présent elle sait qu’Aaron est vivant.

—    Aaron ?

—    C’est son nom, Mathilde.

—    Un prénom de juif, évidemment, moi je l’appelais mon petit, mon chéri, mon ange…, je n’ai jamais pensé à lui asséner un prénom. Pour moi, c’était inutile, je ne parlais jamais de lui, je ne devais donc pas le nommer. Alors, Zénobe, ma proposition vous convient-elle ? Unissons nos efforts et retrouvons le gamin.

—    Nous devons associer Sarah, je lui ai donné ma parole.

—    Et alors, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

—    Ce serait la trahir.

—    Mais on s’en fout.

—    Vous, oui, moi, non.

—    Alors, quand nous le retrouverons, laissons-le décider, voilà une bonne solution.

—    Non, Mathilde, c’est une belle filouterie de votre part, car nous savons que c’est vous qu’il choisira.

                                                             ****

    Sarah était aux petits soins pour l’écrivain, si elle l’avait presque forcé à reprendre la plume, elle lui avait suggéré l’intrigue et les personnages.

—    Alors, Zénobe, vous avancez dans votre roman ?

—    Je vous interdis de consulter mes brouillons, ils sont illisibles et ne reflètent ni le texte ni l’histoire.

—    Bien qu’ils m’intriguent, je vous assure que je n’ouvre jamais vos cahiers, enfin, presque jamais. Vous écrivez comme un cochon, un analphabète, je me demande même si le français est votre langue maternelle. Avez-vous déjà décidé du titre ?

—    J’hésite encore. J’ai rédigé une liste avec plusieurs idées, mais c’est toujours la même qui revient.

—    Si vous le désirez, je peux vous aider à choisir.

    — Non, non, je pense que j’y arriverai tout seul.

—    Allez, dites-le-moi.

—    Non.

—    Zénobe, voulez-vous me faire plaisir ?

—    À chaque fois, c’est la même chose, vous me prenez par les sentiments. Vous savez très bien que je ne peux répondre négativement à cette question.

    — Alors ?

—    Je pense l’intituler « Dans sa maison, un grand cerf ».

—    Comme la chansonnette.

—    Oui, c’est exact.

—    Pourquoi pas !

                                                                       ****

—    J’aurais dû jeter les livres de mon mari à la poubelle, toutes ces théories sur l’existence de Dieu et sur la vie après la mort ne sont pas bons pour lui ni pour personne d’ailleurs. Aaron nous cache quelque chose, Zénobe.

—    Non, Sarah, il cherche quelque chose et un jour il le trouvera.

—    Et s’il ne trouvait pas dans les livres ?

—    Où est donc passé votre optimiste légendaire ?

    Sarah n’insista pas. À rebours, elle s’est dit qu’elle aurait dû le questionner, mais cela aurait-il changé quelque chose ?

    L’été arriva. Noah passa ses examens avec brio, Aaron avait abandonné le lycée, Sarah l’inscrirait dans une école mieux adaptée l’année prochaine, et Zénobe relisait son roman même s’il avait laissé la fin en suspens.

    Un matin ensoleillé, Sarah se réveilla, mais n’entendit pas le chant des oiseaux. Elle pressentait un évènement qui ne lui plairait pas. Précipitamment, elle dévala les escaliers, poussa la porte du jardin et trouva les portillons de la volière ouverte.

 

 

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