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Editions Chloé des Lys
22 juin 2016

Tant de silences de Philippe De Riemaecker

Auteur : Philippe De Riemaecker

Titre : Tant de silences

Editeur : Editions Chloé des Lys

ISBN : 978-2-87459-932-3

Prix : 29,90€

Hauteur = 20.5cm Largeur = 14,6 cm épaisseur = 2 cm

Nombre de pages = 360

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Biographie

Né le 7 juin 1955, Philippe De Riemaecker est un écrivain belge d’origine namuroise.

Il se fait connaître pour la première fois, grâce à Louise-Marie Danhaive, dans la revue Les Carnets, le mensuel d'information de la Maison de la Culture de Namur qui publie un texte intitulé Mon Père. Son premier recueil de poésie a pour titre Sous la pluie, Éditions Wesmael-Charlier.

Il est auteur de pièces de théâtre : Le Grand Retour, Une simple histoire.

Poète ou parolier il rédige Chez-nous, texte probablement emblématique.

Début 2014, il écrit le texte d'un single sorti au profit de la Croix-Rouge de Belgique intitulé Il ne faut pas grand chose.

Le 4 mai 2014, il reçoit au Salon du Livre de Mazamet, le prix de la ville pour son roman Quand les singes se prennent pour des dieux.

Fin 2016, il adapte en français quelques textes du chanteur/poète flamand Lieven Tavernier.

Membre de l' AREAW Association Royale des Écrivains et Artistes de Wallonie.

Membre de l'association poésie Terpsichore Carcassonne.

Membre de l'Association Culturelle du Tarn Sud et du salon du livre de Mazamet (juin 2016).

Bibliographie

Livres

  • Tant de silences : roman - Chloé des lys, 2016
  • Quand les singes se prennent pour des dieux: roman - Mon Petit Éditeur, 2012
  • La Mosane: essai
  • Sous la pluie: Poésie - Éditions Wesmael-Charlier

Chansons Française

  • Il ne faut pas grand chose: chanson
  • Mon Père, Grand-Père, Chez nous, Dans les rues de Tervuren, L'oiseau noir, à Paris, La femme de Jules, Les trois clochers: chansons (Poésie)
  • Vivre Libre

Adaptations (traduction)

  • Jeanine interprété par Isolde & les Bens.
  • La fanfare de la faim de la soif

Théâtre

  • Le Grand retour.
  • Une simple histoire.

Prix et récompenses reçus

  • Prix de la ville de Mazamet - Salon du Livre Mazamet 2014

 

Résumé "Tant de silences"

Les premiers, tournant le dos à la révolution, traversent l’Iran à pied. Les seconds, concierges dans un couvent, sont témoins d’étranges phénomènes. Les derniers se préparent au deuil. Il n’existe aucune raison pour que ces destins se croisent et pourtant !

Une écriture sobre, élégante, rattrapée par l’actualité...

Extrait :

Le silence est assourdissant. Le paysage l’est tout autant. Un village, ou plutôt quelques maisons perchées au sommet d’une colline et qui semblent dominer tout ce qui peut approcher. De loin, cela semblait joli, ce devait l’être certainement lorsque les doigts des êtres donnaient encore du temps et du travail à l’entretien des bâtiments.  Mais quand le berger finit par s’arrêter, Shannaz et Jahangir ne découvrirent que quelques ruines et des relents de cendre froide. Les murs blanchis à la chaux laissent percevoir d'obscènes cicatrices de suie cependant, de l’extérieur, il faut s’en approcher pour qu'elles se découvrent à la vue.  Quelle tragédie a pu se jouer dans ce coin de ciel bleu ? Personne pour les accueillir, pas un bruit, pas une respiration, pas un claquement de volet. Rien, absolument rien qui laisse deviner la présence de l’humain.  Même les chèvres, par respect peut-être, ont arrêté leurs bêlements. Elles hésitent à avancer, mais le font tout de même, poussées par la gamine et l’habitude contre laquelle on ne peut rien.  Le bruit de la nature est ce qui existe de plus beau. Les pépiements d’oiseaux donnent du baume au cœur, mais parfois ils vous abîment les oreilles parce que le silence devrait être présent. C’est ce que le couple pense, c’est ce à quoi il aspire, c’est ce qu’il perçoit en regardant l’enfant et les ruines que la fillette semble ignorer. Les questions se bousculent, il faut les retenir, ce n’est pas le moment de braquer leur nouvelle compagne alors que la confiance vient juste d’être semée.

 

Pour arriver ici, ils ont marché longtemps. Le rythme de l’enfant, les caprices des cornues n’ont pas facilité la marche.  En chemin, les paroles n’ont guère été nombreuses, juste quelques banalités, quelques sifflements destinés aux caprins.  En chemin, on s'est demandé comment répondre aux questions que ne manqueraient pas de poser les adultes, ou les parents de la petite aveugle, quand ces inconnus se présenteraient au village. Suivre l’enfant, mais pourquoi ? Quelle folie de s’éloigner ainsi de sa route à cause d’une parole donnée.  Le destin joue quelquefois des tours, on est en droit de l’écouter, on l’est aussi de l’ignorer. Que vont songer ces gens en les voyant arriver ? Ressentir peut-être une intrusion dans leur communauté ?  Rien, justement. Ils ne vont rien dire, rien faire, parce qu’il n’y a personne, il n’y a plus que l’ombre d’un berger qui s’allonge sous le soleil couchant et le regard ému de deux adultes effrayés soudain devant la cruauté des hommes.  Est-ce les mêmes qu’ils ont décidé de fuir ?

Jahangir s’est tourné vers l’enfant, il tente de parler mais Shannaz lui effleure le bras et, d’un geste de la main, lui fait signe de se taire.  Elle laisse passer quelques instants, puis va s’asseoir aux pieds de la petite. 

- Ressens-tu la beauté du soleil couchant ?  Désires-tu que je te raconte les couleurs du paysage ?

La petite aveugle ne répond pas, elle tend la main comme pour montrer l’horizon et semble chantonner tout bas des mots que l’on peine à comprendre, que l’on ne saisit pas. Puis soudain, elle hurle dans le vent ces mots d’autant plus terribles qu’ils sortent de la bouche d’une enfant et qu’elle claque dans le silence comme le ferait l’orage, comme sait le faire la haine.

- خَتَمَاللّهُعَلَىقُلُوبِهمْوَعَلَىسَمْعِهِمْوَعَلَىأَبْصَارِهِمْغِشَاوَةٌوَلَهُمْعَذَابٌعظِيمٌ

- Allah a scellé leurs cœurs et leurs oreilles ; et un voile épais leur couvre la vue ; et pour eux, il y aura un grand châtiment.[1]

Abasourdie par le prononcer de cette malédiction, Shannaz tente une ouverture :

- Que s’est-il passé ici ?  Te sens-tu la force d’en parler ?

Mais au lieu de répondre, le berger tourne le dos et s’enfuit en courant. Le couple a perçu les sanglots ; il faut attendre que la détresse s’apaise, un berger n’abandonne pas ses chèvres  mais il peut avoir honte de dévoiler sa peine.

 

 

 

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