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Editions Chloé des Lys
5 avril 2016

"Le soleil noir de la mélancolie" de Frédéric Longo-Murit

Auteur : Frédéric Longo-Murit

Titre : Le soleil noir de la mélancolie

Editeur : Editions Chloé des Lys

ISBN : 978-2-87459-901-9

Prix : 20,70€

Dimensions

Poids : 200 g

20,5 x 14,5

144 pages

 

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9782874599019_1_75

 

La biographie de Frédéric Longo-Murit.

 

Frédéric est né le 17 septembre 1968 à Bruxelles à la maternité de Boisfort.

Troisième et dernier enfant d’Anita Camus et d’Albert Longo-Mûrit, Frédéric vécut et grandit à Laeken. Après avoir eu une enfance et une adolescence épanouies, Frédéric se tourna vers des études de droit. Après une année dans ce domaine qui ne lui correspondait pas, sa passion pour la littérature en générale reprit le dessus et Frédéric finit par se tourner vers des études de philologie romane. Après avoir obtenu sa licence en Philologie Romane en 1991  à l’âge de 23 ans, Frédéric a travaillé à la Fédération Belge de moto. Il a également donné des cours dans des Athénées en tant que professeur de français et d’histoire. C'est dans le courant de l’année 2000 que Frédéric a commencé à travailler en tant que professeur de français langue étrangère à l’Institut d’Enseignement et de Promotion Sociale de la Communauté Française, lieu où il travaille encore aujourd’hui.

En 2001, Frédéric épousa Isabel Bedoya, ils eurent 3 enfants Laura, Esteban et le dernier Mateo

Frédéric continue son activité de professeur mais passe son temps libre à faire la chose qui lui plaît le plus : écrire des nouvelles histoires.

Résumé :

Après l'explosion du grand champion, une course folle démarre.

            L'Inspecteur Didier Nerval, lesté de son adjoint et freiné par les aléas d'une relation sentimentale tumultueuse, ne percera l'épaisseur de ce mystère qu'au prix d'efforts épuisants.

            Les cadavres et les suspects ne cessent de surgir. Lui qui déteste le sport et toute forme de vie nocturne va traverser successivement un vélodrome désaffecté, un stade de rugby, une boîte de nuit frémissante et même une course cycliste d'arrière saison.

            Nerval, toutefois, n'est pas un homme qui baisse les bras. Ainsi, un décolleté récalcitrant, un organe mal rangé ou bien un chat à moitié empaillé ne suffiront pas à l'empêcher de mener cette enquête à son terme.

 

Extrait :

Chapitre X : Chute mortelle

            A peine sorti de cette atmosphère conjugale, une urgence me saisit. Malgré le manque de netteté de mon dessein, j'étais convaincu de devoir agir vite. Il me fallait communiquer, interagir au plus tôt avec Gwendoline. Etait-ce dans l'intention de lui faire savoir mon dégoût pour toute forme d'action conjointe ou alors dans le but de me jeter à ses pieds avant de me lancer dans une proposition délirante? Je ne saurais le dire.

            Chargeant dans la cage d'escalier à la manière d'un buffle en rut, je débouchai fulminant sur le seuil de l'étage consacré à la dispersion des victimes. Le hasard volubile voulut qu'il s'agisse de la minute consacrée au rafraîchissement des surfaces. La technicienne pointilleuse venait de commencer son ouvrage. L'imposante lusitanienne progressait à quatre pattes et ramassait au creux d'une main gonflée par le labeur tous les lambeaux qu'elle trouvait dans les coins. J'entrepris de contourner la croupe monumentale, avec embarras étant donné que j'étais en partie responsable de l'état piteux de ce lieu. L'énorme lustreuse marmonna à mon passage plusieurs vocables inintelligibles dont débordait une kyrielle de « r » remplis de hargne. J'étais sur le point d'entrer dans le bureau transparent de la légiste lorsque l'instinct me conseilla de plier sur la droite. Le torchon imbibé demeura agglutiné un instant à la paroi vitrée contre laquelle il avait atterri. Je me glissai vivement à l'intérieur du bureau de Gwendoline.

-Je crois, lançai-je d'un ton guilleret, que cette technicienne velue n'éprouve aucune inclination pour ma personne.

-C'est compréhensible, rétorqua Gwendoline sans lever les yeux de la page qu'elle décorait d'une écriture nerveuse. Je suis en train de peaufiner le rapport consacré à l'homocyclette et je suis déjà en mesure de vous en fournir un résumé oral à toutes fins utiles. Vous n'avez pas encore rencontré l'homme qui l'a identifié.

-Non, j'étais en chemin et j'ai...

-Et vous avez senti qu'un détail vous échappait...C'est tout à votre honneur. Nous savons donc que l'homme était facteur livreur vélocipédique de vaste gabarit. Je crois savoir que ses collègues ont entamé une grève spontanée en son honneur. Il s'agissait d'un individu âgé de trente-cinq ans, il disposait de muscles et de nerfs en parfait état. Pour ce qui est de la cause du trépas, j'en suis encore à supputer. Il est évident que la victime vivait encore lorsqu'on a établi un lien bioneurophysiologique entre son système nerveux central d'un côté et de l'autre un pédalier, un guidon, le changement de vitesse et les freins.

-Il aurait eu ainsi la capacité de contrôler ses mouvements?

-Incontestablement. Il roula...quelques instants pour le moins.

-Oui, car nous l'avons découvert givré parmi les détritus.

-Il faut croire qu'il y eut un rejet terminal. De plus, l'étrange outil qu'il avait à la place du coeur n'avait qu'une autonomie de deux heures.

-Il aurait dû se recharger!

-En effet. A votre place, Inspecteur, j'orienterais les recherches vers ce coeur qui manquait. L'homme ou ce qu'il en restait avait encore son foie, sa rate ou son cerveau. L'absence de ce coeur me semble des plus étranges et si vous le retrouvez, vous mettrez évidemment la main sur celui qui lui a fait cela.

-D'accord, mais comment retrouve-t-on un coeur?

-C'est votre travail, Inspecteur. A présent, j'apprécierais que vous vaquiez ailleurs, il me reste de multiples occupations.

-Gwendoline, je vous en prie...J'ai glissé sur un oeil, cela aurait pu arriver à n'importe qui. Jusqu'à présent, nous avons joué de malchance, cela ne peut pas durer. Vraiment, je vous croyais plus combative et j'avais eu l'audace d'imaginer que vous nourrissiez à mon égard un sentiment palpitant. Vous préférez abandonner.

            Sur la dernière syllabe de ce mot-là, elle a bondi par-dessus le bureau étroit qui nous séparait. A deux mains, elle m’a saisi par les oreilles afin de poser avec fermeté et précision ses lèvres sur les miennes. Ce contact m’affola instantanément du rectum aux papilles, avec avidité et goulûment j’ai plongé au fond de cet orifice buccal. J’ai tenté aussitôt d’impliquer ma langue au centre de ce déferlement salivaire, oubliant fugacement à quel point j’ai l’appendice en question épais et peu mobile. Il y eut un emmêlement, un virage mal négocié et puis j’y suis allé un peu profond dans le gosier. Gwendoline s’éloigna, mit les mains à la gorge et puis vira au bleu. Désemparé, stupide, je demeurai éperdu à la regarder en train de se débattre. Je frôlais la panique quand la grosse bonne entra en fracassant la porte. Elle avait un accent.

-Je vous ai vu, gros sagouin dégueulasse, vous lui avez fait avaler sa langue. Les hommes sont tous pareils.

            Elle avait entre les mains le tube de l’aspirateur qu’elle actionna à pleine puissance. Avec dextérité, elle se servit de la machine pour récupérer la langue de Gwendoline que j’avais, emporté par la passion et le désir, quelque peu malmenée. L’opération réussit illico, seulement la langue boursouflée par le retournement et le traumatisme demeura coincée un instant à l’intérieur du tube de l’aspirateur. Gwendoline revira au bleu car l’appareil lui prit tout l’air qu’elle avait encore dans les poumons. Je finis judicieusement par le débrancher.

-Ecartez-vous, m’enjoignit la technicienne, il faut l’insuffler, du bouche à bouche ou sinon elle y passe.

            Je n’émis aucune objection bien que j’eusse remarqué la disproportion entre les cages thoraciques des deux femmes. La bonne souffla deux fois, la poitrine de Gwendoline que celle-ci comprimait rigoureusement sous son tablier blanc acquit rapidement une ampleur menaçante. Trois boutons s’envolèrent et ensuite une broche en forme de fémur qu’elle arborait au-dessus du sein droit, l’emblème de sa faculté, je crois. Expulsée, la broche alla se planter dans l’œil gauche de la volumineuse secouriste. Et vraiment, je continue à estimer que sa réaction fut proprement extravagante. La voyant gigoter et hurler ridicule, je m’étonnai qu’une personne de ce format pût être aussi douillette. Elle s’est relevée, glapissant de douleur dans sa langue maternelle. Elle est partie en courant, saccageant tout sur son passage, comment aurais-je trouvé la force de l’arrêter ? Enfin, elle passa debout à travers la fenêtre du côté de l’avenue. En basculant, le hurlement gagna encore en décibels. Elle avait compris qu’elle allait sévèrement encrasser le trottoir.

            Ainsi, je suis demeuré seul avec Gwendoline vivante, respirante et généreusement dépoitraillée. En effet, cet excès d’air dans ses poumons avait fini par tout déchirer et je l’avais là à ma merci, inconsciente, à demi nue. J’ai regardé mes mains, ses seins, c’était évidemment un carrefour sur la route tortueuse de notre relation. Je n’eus pas le temps de prendre une décision, encore moins d’esquisser un geste. Attiré par l’éclatement peu gracieux de la femme de ménage, le voisinage est arrivé.

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