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Editions Chloé des Lys
3 novembre 2015

Recueil de poésies de Nikos Leterrier, "Le temps d’exister avant le froid"

Titre : Le temps d’exister avant le froid

Auteur : Nikos Leterrier

Editeur : Editions Chloé des Lys

ISBN : 978-2-87459-878-4

Prix : 17,90€

71 pages

17*21 cm

100 g environ

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9782874598784_1_75

Biographie de Nikos Leterrier, auteur du recueil « Le temps d’exister avant le froid »

 

Né en 1975, Nikos Leterrier a vécu en Italie et en France. Poète et dessinateur lorsque ses obligations diverses le lui permettent, il s’est également essayé au théâtre amateur et même au flamenco, danse dont le caractère violent et grave lui permet de mettre en scène ses poèmes, puisque la poésie est fondamentalement un art oral plus qu’écrit.

 

Le temps d’exister avant le froid : résumé

 

Puisque la poésie est pour moi l’art même de la concision, comment résumer ces vingt-cinq poèmes ? Plus difficile encore serait de résumer les illustrations qui les accompagnent.

De quoi parlent ces poèmes ? Mais de tout ce qu’on ne peut dire que par l’invention d’un nouveau langage, ce qui est à la fois fragile et opiniâtre, ce qui s’impose avec la clarté d’un matin d’hiver, lorsque le monde à l’entour a changé de couleur en l’espace d’une nuit, et pourtant demande des heures de trimard au fond d’une mine obscure, parfois des années même, tant les mots justes se font parfois attendre.

Pour qui sont ces poèmes ? Pour tout un chacun et chacun d’un tout. Qui peut prétendre savoir à l’avance si un poème le touchera ou non ? Ainsi, à toi, lecteur inconnu, lectrice mystérieuse, qui prendra le temps de lire ces vers, je transmets les salutations respectueuses de mon imagination brouillonne, alimentée par les jeux étranges de l’existence, auxquels jamais je n’ai su m’habituer. Peut-être alors partagerons-nous, pour un instant fugace, à peine le battement d’un cil, le même langage.

 

  


Les chaînes de Saturne


Une chose abjecte se tient droite
Encombrant le seuil de ma porte étroite
Je crains cet automate sans substance
J’ai en horreur ce qui n’est qu’apparence


Je n’ai pas peur de la mort ni des pleurs
Ni des grandes ou petites douleurs
Ni de l’étranger ni du prédateur
Mais de ça, de ça seulement j’ai peur


L’os qui craque et perce la chair autour
L’oeil qu’on arrache et qui voit toujours
La peau qui hurle quand on la déchire
Il y a pire encore, bien pire


Mille fois je me réveille en hurlant
Tout entier mangé de tremblements
Parce que je me rappelle et j’entends
Leurs pas sur mes pas, tapis dans l’avant


Je les vois si nombreux : c’est une armée
Au seuil de ma demeure incendiée
Nombreux mais identiques à mes yeux
Par le vide qu’ils nourrissent en eux


Je les hais presque autant qu’ils me font peur
Ces monstres informes et sans odeur
Ce n’est qu’en haut d’une falaise à pic
Que je sens venir la même panique


Ils n’ont plus de sourires ni de larmes
Ils ne parlent que la langue du vacarme
Comme ils ne brillent que par l’arrogance
Ils voudraient partager leur ignorance


C’est la faim qu’on lit dans leurs yeux morbides
Car l’être vide de l’autre est avide
Dévorant sa proie sans rien en faire
Comme un feu sans chaleur et sans lumière


Je les vois affamés et blancs de rage
Tous au seuil de ma terreur sans visage
Je sais que si je me plie à leur loi
Il ne restera plus rien de moi


S’ils me touchent j’en deviendrai chose
Un outil, un objet dans leurs mains closes
Lisse et rond comme Saturne la folle
Où le ciel est enchaîné au sol


Car ils détestent les aspérités
Où s’accrochent et se blessent les idées
Dans l’étreinte rugueuse du réel
Quand la blessure se gorge de sel


Chaque nuit, chaque jour ils sont là
Toujours à l’affût, ils ne dorment pas
Puisqu’ils n’ont pas besoin de penser
Et qu’ils savent que je veux les tuer


Il est des êtres si peu mammifères
Qu’ils cherchent toujours à passer les fers
À qui choisit de leur tendre la main
Qu’ils rendent le pire pour le bien


Tu t’inquiètes de ma violence
Tu me reproches mon intransigeance
Mais tu sais... Il faut que je les haïsse
Quand ta clémence touche à l’injustice


Alors libre à toi de leur accorder
Ce pardon qu’ils n’ont jamais demandé
Mais moi... Moi je les maudirai toujours
Car il y a des actes sans retour


Ces fantômes ne craignent pas la mort
Mais je les forcerai à prendre corps
Avec des yeux que je pourrai crever
Et un coeur que je pourrai arracher

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