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Editions Chloé des Lys
12 mai 2015

Le ciel rouge du couchant Barbe Perrin Biographie Barbe Perrin n’est pas née au Vatican. Elle n’a pas grandi à Lde Barbe Perrin

Auteur : Barbe Perrin

Titre : Le ciel rouge du couchant

Editeur : Editions Chloé des Lys

ISBN : 978-2-87459-780-0

Prix : 22,10€

Nbre pages : 179 pages

 

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Barbe Perrin Biographie 

Barbe Perrin n’est pas née au Vatican. Elle n’a pas grandi à Lima, ni fait ses études à l’université Lumumba de Moscou. Elle ne court pas le cent mètres en huit secondes et ne sait pas piloter un bateau. Elle n’est jamais montée sur l’Everest et n’a jamais mis le pied sur la lune. Encore moins sur Mars ou Jupiter. Elle ne sait pas faire bouger ses oreilles et n’a jamais appris le tokharien. Elle n’a jamais rencontré d’homme qui s’appelait Achaire, ni de femme qui s’appelait Gertrude ou Gudule. Elle n’a jamais eu de chat, de poisson rouge ou de perroquet qui s’appelait Melchior. Elle n’a jamais fait de graffiti sur la grande muraille, ni voyagé à bord d’un hélicoptère ou d’un zeppelin, ni fait le tour du monde en quatre vingt bistrots. Elle ne se passionne pas pour le lancer de troncs, le crochet, le piercing ou la pelote basque. Elle ne collectionne pas les images pieuses, ni les pensées séchées. Elle ne pratique pas le rugby en apesanteur, ni le ping-pong sous-marin, encore moins l’aïkido en solitaire. Elle ne s’est jamais battue avec une louche et n’a jamais tué personne avec une fourchette. Elle n’avouera jamais qu’elle aime le beurre de cacahuètes.

Mais elle écrit.

Ses premiers ouvrages sont publiés chez Chloé des Lys.  

 

En 2007 elle publie Secret(s), l’histoire d’un secret de famille absolument inavouable.

 

En 2008 elle récidive avec Absence(s). Reprenant l’un des personnages de Secret(s) et utilisant le prétexte d’un voyage au cœur de l’Asie Centrale, Absence(s) est une interrogation sur les clichés et les carcans qui peuvent encore entraver la liberté féminine.

 

En 2009 paraît L’homme debout, qui dépeint les relations humaines et professionnelles au sein d’un mastodonte de la finance. Ambitions, carriérisme, solitude, amitiés, hypocrisie, évaluations bidons, magouilles, pouvoirs et marionnettes… Entre New York et Bruxelles, nous assistons, impuissants, à la déliquescence de l’humanité, ravalée au rang de petit soldat et qui n’a comme choix que celui de se taire et d’obéir. Pour faire avancer ce petit soldat, nul besoin d’arme compliquée, un peu de peur suffit. Savamment distillée, à la limite de la perversité, elle s’insinue si bien dans le quotidien qu’elle finit par en devenir une composante intrinsèque.

 

En 2011 paraît Une saison.

Une histoire jaillie d’une traite dans les méninges de l’auteur. C’était au mois de mai, en 2007. Un scénario noté au bic noir dans un cahier rouge. Sur la table d’un petit café de village. En dégustant tranquillement un « elliniko », accompagné d’un grand verre d’eau claire. Le ciel était bleu. Véritablement égéen. La mer, on ne la voyait pas. Mais on savait qu’elle était là. Proche. Le temps, celui qui passe, avait cette ampleur que l’on ne trouve que là. Dans cette Grèce, où tout se savoure.

 

Une saison, c’est l’histoire d’un éclatement. Éclatement entre les êtres, qu’il soit d’amour ou de haine. Éclatement du désir, éclatement de l’absolu. Mais c’est aussi l’histoire de l’inévitable retombée, après l’éclatement. Et la question de la survie, après.

 

Alors, que s’est-il passé dans la vie de Lyn, avant qu’elle ne découvre l’île de Nissos ? Que s’est-il passé entre elle et Domi, pour qu’elle soit prête à tout plaquer ? C’est la première question et la mise en mouvement de l’histoire.

 

Ce qu’elle trouvera à Nissos, est-ce l’oubli, le renouveau ou bien une digression temporaire ? C’est la deuxième question.

 

Quant à la troisième et dernière question, c’est sans doute la plus importante : que faire, quand on pense avoir tout perdu ? Lyn, et Domi y répondront chacun à leur manière. De même que Stélios, le chasseur de Nissos. 

 

http://barbeperrin.over-blog.com/

(site en déconstruction permanente)

 

Résumé

 

Le fil conducteur du ciel rouge du couchant, c’est le ciel. Rouge quand le soleil se couche les soirs d’été, signe qu’il fera beau le lendemain. Mais rouge aussi lorsque c’est le feu de la guerre qui l’embrase.

 

L’histoire commence à Bagdad, le 20 mars 2003, peu après l’expiration de l’ultimatum de George Bush à Saddam Hussein. Une journaliste, persuadée du bien fondé de cette guerre, y découvre la peur. Une peur à laquelle elle ne s’attendait pas, qu’elle tente vainement de juguler à coups de calmants et de rhum et qui va l’amener à s’interroger sur une autre guerre : celle qu’ont connue ses grands-parents en 1944 dans un village des Vosges.

 

L’histoire continue alors à La Bresse, en novembre 1944 et relate sa destruction par les Allemands.

 

En créant un lien de chair et de sang entre ces deux guerres, Barbe Perrin nous rappelle que même si nous vivons aujourd’hui dans une Europe en paix, la guerre reste inscrite dans notre mémoire collective. C’est cette mémoire qui nous fait ressentir ce qu’endurent les populations bombardées ailleurs dans le monde. C’est cette mémoire qui nous rappelle qu’un ciel rouge, le soir, n’est pas toujours celui du soleil couchant. C’est à dessein que les faits de guerre relatés sont essentiellement ceux qui se sont passés en 1944. Car se souvenir de la souffrance de nos parents, c’est un pas vers la compréhension de celle de nos contemporains.

 

L’écriture est claire et nette, l’histoire originale et les personnages attachants. Cerise sur le gâteau : seul le lecteur comprendra les liens qui unissent les personnages des deux guerres.

 

Court extrait

 

            La pluie avait cessé. Dans la clairière, la sentinelle avait allumé une cigarette et fumait, le dos tourné vers les cadavres. C’était un homme d’un certain âge déjà, comme en témoignait sa moustache grise. À quoi pensait-il, seul devant les cadavres d’hommes certainement tous plus jeunes que lui ? Pensait-il à sa femme ? Ses enfants ? Ou bien au schnaps qu’il allait boire quand son tour de garde serait fini ?

            Quand il vit la silhouette se détacher des arbres, il ne broncha pas. Il la laissa venir vers lui et s’arrêter à quelques pas. Dans sa bouche, où il ne lui manquait encore aucune dent, le tabac lui procurait une sensation de caramel. Il avait toujours aimé le tabac un peu sucré. Lentement, il expira la fumée par les narines. Cela l’aidait-il à ne pas sentir l’odeur des chairs rompues qui gisaient derrière lui ?

            La femme qui s’approchait de lui n’avait sans doute pas vingt ans. Plus jeune, il aurait aimé la cambrure élancée qu’il devinait sous la pèlerine. Les mâchoires un peu carrées et l’iris sombre lui auraient donné l’envie de connaître sa peau. L’abandon de ses soupirs. Avait-elle assisté à l’exécution ? Le soldat haussa imperceptiblement les épaules. Qui, dans cette guerre, n’avait pas vu, à un moment ou à un autre, quelque chose d’horrible ? Lui-même, sur le front russe, avait connu plus que sa part. Mais la jeune femme s’était mise à parler, avec véhémence. Que disait-elle ? Même s’il ne comprenait pas les mots, ce qu’elle voulait lui paraissait évident : quelqu’un. Sans doute son frère, ou son fiancé. Peut-être même son père. Mais les consignes de Von Göhm étaient claires : la population n’avait pas le droit de récupérer les corps. Doucement, il tenta d’expliquer :

            - Nein. Es tut mir leid. Sie dürfen nicht zu den Körpern.

            Mais la femme continuait à parler et commençait à élever la voix.

            - Allez-y. Prenez-moi. Tuez-moi, répétait-elle.

            Le vieux soldat secoua la tête. Il ne savait pas comment se débarrasser d’elle. À tout hasard, il lui tendit son paquet de tabac.

            - Rauchen. Süss. Gut.

            Il tenta, pour la persuader, d’accrocher son regard. Ce regard si sombre qui l’avait frappé dès qu’il l’avait vue. Lui-même avait le regard gris de quelqu’un qui a vu trop de morts. Mais ce fut autre chose, dans ses yeux, qui capta l’attention de Jeanne. Quelque chose qu’elle n’aurait jamais pensé voir dans les yeux d’un Allemand : il la considérait avec compassion.

            Sans bien savoir pourquoi, elle tendit la main. Ce faisant, elle la vit. L’homme la vit aussi, sa main. À la base du pouce se dessinaient deux rangs de perles rouges. Tout à l’heure, sans s’en rendre compte, elle s’était mordue jusqu’au sang.

            Le regard de l’homme se voila. Était-ce la honte ? La honte d’avoir abattu vingt sept hommes devant cette femme dont les courbes lui rappelaient le plaisir d’être vivant ? La honte d’être la sentinelle qui interdisait de rendre à ces vingt sept vies l’hommage d’une sépulture ? Il savait qu’on allait les laisser là, figés dans leur chute, pendant au moins vingt quatre heures et que, si jamais on les enterrait, ce serait dans une fosse commune. Un fossé où leurs noms n’apparaîtraient jamais.

            L’homme prit une pincée de tabac et une feuille de papier. Il roula une cigarette, qu’il tendit à Jeanne. Comme elle la portait à ses lèvres, il craqua une allumette et lui offrit du feu.

            - Es tut mir leid.

            Jeanne tira une bouffée, puis deux. Puis, sans plus regarder l’homme, elle écrasa la cigarette et retourna vers les buissons.

 

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