"La valse des infidèles" de Beaudour Allala

Auteur : Beaudour Allala

Titre : La valse des infidèles

Editeur : Editions Chloé des lys

ISBN : 978-2-87459-761-9

Prix : 19,30

Les personnages de la valse des infidèles voudraient fuir, quitter, aimer, partir, changer de vie comme pour devenir ce qu’ils ont toujours rêvé d’être...

Certains y arrivent, d’autres s’enlisent, partent sans se retourner ou restent le visage tourné vers un ailleurs...

Des personnages qui nous ressemblent, sans que nous n’osions un jour nous l’avouer, dont les récits sont reliés, les uns aux autres, par un narrateur omniscient au regard aiguisé, ajoutant de l’intensité au dénouement final.

Des destins contés avec profondeur, férocité mais aussi parfois, avec cette légère dérision nécessaire à nous rendre compte que nous sommes tous des hommes, de pauvres hommes...

Extrait

« J’aime un homme que je ne vois que de profil ! »

Il lui sourit tendrement, tout en prenant son visage entre ses mains pour lui répondre :

-          Là, tu vois, je te regarde bien en face et, je te le répète, je n’aime que toi ! Mais il faut que je me sauve, mon cœur, tu le sais !

Oui, elle le sait.

Il a refermé la porte d’entrée derrière lui.

Du déjà vu, comme un film que l’on aurait visionné des centaines de fois et qui provoquerait toujours le même sursaut, la même sensation d’abandon, la même angoisse, à chaque fois que la porte claque.

Anna se précipite hors du lit, s’habille à la hâte et quitte l’appartement à son tour.

C’est dimanche, et c’est terrible un dimanche matin lorsque votre amant court rejoindre sa femme.

Ce genre de dimanche-là, dans les rues, mieux vaut éviter certains lieux : le parc de jeux, par exemple.

Elle évite de passer par le parc, non pas parce que la vie y grouille et que, dans son ventre, elle n’a pas droit de cité ! Ni parce qu’elle y verrait peut-être l’homme qu’elle aime, jouer avec son fils sous le regard bienveillant de son épouse ! Non, ce qu’elle évite clairement, c’est la balançoire à bascule ! Plus précisément, cette absence de l’autre côté de la nacelle, ce manque de contrepoids qui la laisse à terre jusqu’à ce qu’il daigne revenir jouer avec elle...

...Lorsque les jours s’écoulent pour l’un, ce sont les nuits qui se perdent pour l’autre.

Le temps ne passe pas de la même manière lorsque, dans l’obscurité, on cherche à tâtons celui qu’on aime.

Cela fera bientôt 3 500 nuits qu’elle l’attend.

Que pourrait-elle raconter de ses 3 500 jours ?

Des crises de larmes, des séparations provisoires, d’autres hommes pour tenter d’oublier l’ultime !

Sur les étagères de sa bibliothèque, Belle du Seigneur étreint Choderlos de Laclos entre deux presse-papiers, et c’est dans ce faible espace que l’histoire de sa passion pourrait venir s’écraser. Trois feuillets, tout au plus, pour raconter son histoire passionnelle qui se froisse à vouloir se trouver une place parmi ces romans d’amour. Des pavés qu’elle juge aujourd’hui indigestes, avec ces phrases qui semblent ne jamais vouloir se terminer jusqu’à s’essouffler à courir après le point final.

Elle préfère résumer ses 3 500 jours à la manière d’une nouvelle, en allant à l’essentiel. Et l’essentiel, elle s’en rend compte aujourd’hui en posant ses mains sur son ventre, c’est le vide exhumé du néant...

L'auteur

Née en 1969 à Cannes, Beaudour Allala est originaire de la Tunisie et écrit, non seulement, sur les sentiments humains mais aussi, sur les thèmes de l’exil et  l’immigration.

Passionnée de littérature et d’art, elle commence par des études journalistiques et investit une école de cinéma pour traduire en image ses écrits. Elle est aujourd’hui réalisatrice principalement de documentaires et de court-métrages de fictions. Elle poursuit des études en psychologie afin comprendre davantage l’esprit humain, plus qu’une passion, une obsession.

Elle a créé, depuis 2007, l’association « RJE – Regarde J’existe » dont l’objet est de permettre, au travers

d’actions culturelles, la revalorisation de l’image de soi des personnes en difficultés et de lutter contre toute forme de discrimination.

Son premier roman « La valse des infidèles », l’autorise à achever un livre en chantier sur le thème de l’immigration et de la féminité. Sculptrice à ses heures, elle réalise des pièces essentiellement figuratives.