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Editions Chloé des Lys
20 décembre 2013

"Par toutes ces nuits sans lune" de Marcel Baraffe

Titre : Par toutes ces nuits sans lune

Auteur : Marcel Baraffe

Editeur : Editions Chloé des lys

ISBN : 978-2-87459-735-0

Prix : 20,70 euros

9782874597350_1_75

      

Wang, le préfet, est le plus heureux des hommes. Sa troisième femme vient de lui donner, enfin, un fils. Cela n’est évidemment pas du goût de ses deux autres épouses qui n’ont pu faire mieux que d’engendrer six filles, créatures que les croyances stupides des adultes tiennent à l’écart du nouveau-né.

 

          Haine, jalousie, envie agitent la demeure du maître des lieux. Celui- ci, haut magistrat de l’empire, continue à travailler à la prospérité d’une famille dont la lignée est désormais assurée jusqu’au jour où des soupçons de malversation amènent son discrédit aux yeux de son souverain.

 

          Le ciel s’assombrit au-dessus de la maison des Wang. La déchéance a pour témoins Petite-Lune, la fille aînée, et An, un lettré, qu’une énigme autour de la mort d’un des envoyés de l’empereur inspire.  

 

Extrait :

Par toutes ces nuits sans lune  (pages 60-61)

 

Il fallait bien passer le temps de la moins mauvaise façon qui soit. Les promenades étaient interdites et l’orée de la forêt proche semblait à Petite Lune être un monde à jamais inaccessible comme l’étaient les astres dont elle suivait la course à travers les branches de son mûrier. L’imagination des filles, surtout lorsqu’elles savent lire, est sans limites. Les quelques garçons de son âge qu’elle avait rencontrés lors de visites, lui étaient apparus comme des êtres étranges, agités et bruyants. Elle n’éprouvait aucun attrait pour leurs jeux guerriers et s’étonnait même que l’on puisse passer des heures à faire tournoyer un bâton brandi au-dessus de la tête afin d’écarter d’invisibles ennemis ou d’innocents dragons. Petite Lune était une fille et, plutôt que de regretter un sort qu’elle n’avait pas désiré, elle tirait de sa condition une force qui l’aidait à supporter les humeurs mauvaises des adultes. Elle aurait aimé s’occuper des plantes, soigner les fleurs et surtout ces malheureux rosiers, à l’entrée, que les chevaux prenaient un malin plaisir à piétiner. Ses premières tentatives de jardinage avaient soulevé la colère d’un père révolté de voir un membre de sa famille accomplir des tâches naturellement (avait-il dit, en insistant sur ce mot) réservées aux représentants les plus indignes de la société. Elle en avait donc conclu, tout en enviant le sort des manants autorisés à remuer la terre et à en tirer tant de beautés, qu’au-dessus de l’autorité paternelle, il y en avait une autre, invisible, muette mais bien plus étendue encore puisqu’elle avait décidé une fois pour toutes de ce qu’un individu pouvait ou ne pouvait pas faire. Impuissante, elle observa le dépérissement des rosiers.

L'auteur :

Né à Douai, docteur en linguistique. Il poursuit une carrière d’enseignant en France et surtout  à l’étranger. Un premier poste à l’Institut des Langues Etrangères de Pékin lui fait connaître la Chine du début de la Révolution Culturelle. D’autres détachements auprès du Ministère des Affaires Etrangères : Gambie, Mexique, Vietnam, Maroc l’amènent à découvrir différentes cultures ; une immersion dans laquelle il puise ses thèmes poétiques.

Un poste à l’Université  Normale de Shanghai en 2001 lui fait retrouver une Chine différente de ce qu’il avait connu lors de son premier séjour ; un saut de l’Histoire, un passage du bleu de chauffe au jean troué. Sa fascination pour la Chine ancienne et son attrait pour la culture et l’histoire de ce pays lui inspirent ses premiers romans. Guerres de l’Opium, révolte des Taiping, avènement du 1er empereur Ming sont les périodes abordées dans ses quatre premiers romans : Les larmes du buffle, Les fleurs de guerre, Les turbans de la révolte, Poussière et santal. Le cinquième, Conte de la neige et du vide, s’il garde un arrière-plan historique construit autour de la mort du premier empereur Qing, est un récit aux résonnances fantastiques, une rencontre entre les mondes de l’histoire et du merveilleux. Ce basculement vers l’imaginaire s’opère dans son sixième roman Comme une vague inquiétude, uneréflexion sur une inquiétante réalité, celle de l’individu confronté aux menaces de nouvelles formes d’aliénation.

Brume de sang, biographie romancée de Li Po, poète chinois du 8ème siècle, marque un retour aux sources puisque c’est avec des textes poétiques qu’il fit ses premiers pas en écriture. 

Après un séjour de quatre ans à la Réunion, il vit actuellement dans le sud de la France. Mer, montagne et écriture avec le projet de regrouper dans un recueil ses poèmes.

Il a publié aux Editions Chloé des Lys Ultiméa, un roman de science-fiction et un recueil de douze nouvelles : Histoires curieuses et édifiantes.

Avec son dernier roman, Par toutes ces nuits sans lune, drame de l’innocence broyée par les croyances, les superstitions, les principes, il retrouve la Chine du 19ème siècle.

 

http://marcel.baraffe.over-blog.com

http://chine-ancienne.e-monsite.com

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