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Editions Chloé des Lys
23 mars 2012

Reine Bale

Interview

Reine Bale

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Pseudo ou nom réel ?
Reine Bale est un vrai-faux pseudo. Vrai car dans l’état civil, mon
second prénom est bien Reine et faux car Bale, est une simple
contraction des deux lettres initiales composant mon nom de famille.
C’est un petit clin d’œil, au passage, du travail d’un écrivain :
faire du vrai avec du faux, du faux avec du vrai.


Où habites-tu ?
J’habite en Provence, à côté du Verdon, dans un village magnifique où
s’organise chaque année une fête des Belges (le 21 juillet). Mais si
je vis ici, non loin de Manosque, c’est par choix et non à cause de
mes origines, qui elles sont beaucoup moins « glamour » : je suis née
dans une triste portion de la banlieue parisienne, le 93,  où ma barre
d’immeuble était elle-même entourée de barres d’immeubles. Un horizon
fermé duquel j’ai eu l’opportunité de m’échapper il y a 10 ans pour
venir m’exposer en pleine lumière. Je voulais de cette lumière brûlée
du sud. Et je ne le regrette pas.


Une famille ? Des enfants ?
Je suis mariée depuis dix ans à l’homme qui m’a donné deux enfants.


Sucré ? Salé ?
Je me demande ce que cette question est censée révéler…mais disons que
je suis « bi » (pour ce qui est du sucré salé bien sûr !)

Que fais-tu dans la vie ?
Je travaille à bien vivre. Plus concrètement, j’exerce le métier
d’enseignante en lettres dans un lycée, parallèlement à l’écriture.
Les deux activités sont assez complémentaires puisqu’il s’agit, en
enseignant de transmettre un savoir déjà produit alors que dans
l’activité créatrice, on façonne de l’inédit. Je pense aussi qu’un
écrivain ne doit pas rester à l’écart de la réalité sociale ; il doit
éprouver les difficultés du réel pour en parler. Ce n’est pas en
restant isolé dans une tour d’ivoire qu’on parviendra à retranscrire,
par le seul fait de l’imagination, ce qui remue les hommes.

Quand as-tu commencé à écrire et pourquoi ?
Ah ! La question du commencement ! Difficile à démêler. Disons, depuis
l’âge de la révolte, à l’ adolescence. La petite fille modèle a poussé
son grand cri : tout lui paraissait « bidon », frelaté, inauthentique.
Le compromis, c’était de la compromission…Rupture idéologique autant
que biologique avec nécessité absolue d’apporter à ces changements la
clarté et le touffu des mots.

As-tu déjà publié ?
J’ai jusqu’à présent écrit trois romans, en passe d’en achever un
quatrième et fini un recueil de nouvelles. J’ai envoyé mes manuscrits
à quelques reprises dans des maisons d’édition françaises, puis
rapidement j’ai compris que peu de maisons d’édition en France se
dotent d’un vrai service des manuscrits. Les manuscrits étaient
retournés sans même avoir été lus et les choix éditoriaux faits
d’avance. Néanmoins, j’ai reçu de la part du directeur de collection «
Fiction et compagnie » du Seuil un avis très positif et sincère : «
Malgré la qualité de votre travail, la maison ne publie plus de
nouveaux écrivains ». Contexte de crise oblige, le travail des
écrivains en quête d’une maison d’édition valable devient ardu. Je me
suis donc essayé à l’auto-publication, ce qui m’a amusée un certain
temps. Puis rapidement, je me suis remise en quête d’une vraie maison
d’édition, effectuant un travail en profondeur avec les auteurs…c’est
là que je suis tombée sur Chloé des Lys ; d’emblée le fait que
l’écrivain participe à sa réussite, que l’équipe prenne le temps de
lire…ont été des facteurs décisifs pour moi.

Quel ouvrage vas-tu publier ? Quel genre ? Comment écris-tu ?
Je vais publier un roman qui a pour titre L’âge de déraison ;
l’intrigue repose sur un personnage féminin qui se prénomme Arielle et
qui comme tous les gens de sa génération rêve d’une réussite « en
pleine lumière ». Réussir sa vie, aujourd’hui, ça ne signifie pas «
réussir pour soi à atteindre un objectif qu’on s’est fixé dans
l’intimité de soi à soi » ; non, il faut que la réussite soit
spectaculaire, visible aux yeux de tous pour avoir quelque valeur.
Partant de ce constat simple, j’ai interrogé de nombreuses jeunes
femmes qui approchaient la trentaine pour comprendre si les rêves
qu’elles avaient forgés s’étaient accomplis, en passe de s’accomplir
ou si elles avaient changé de philosophie par rapport au rêve immédiat
de réussite. La sociologie et la psychologie sont  venues comme des
appoints théoriques à ces témoignages. C’est là qu’a pris corps le
personnage d’Arielle, que j’ai imaginée artiste-peintre (–pour corser
le propos d’une réflexion sur la création-) et qui au cours du récit,
va vivre une véritable crise l’obligeant à questionner les fausses
promesses du monde contemporain. Bien sûr, j’ai immergé le personnage
dans une expérience radicale de table rase qui, pour ce faire, a dû
être violente. D’où la descente aux enfers qu’Arielle endure tout au
long du récit.

Que fais-tu pour essayer de te faire connaître ?
Pour l’instant, j’agis localement : je demande si telle librairie peut
me permettre de faire une lecture ; là où j’habite, je participe à la
fête du livre ; au lycée où je travaille, j’organise un atelier
d’écriture…mais avec la publication prochaine de mon roman, je pourrai
toucher plus de médias (radios locales, journaux de
proximité…)Ensuite, je compte participer aux concours du type «
premier roman », me rendre le plus possible aux foires et salons du
livre…

Projets pour la suite ?
J’aimerais bien faire publier mes deux autres romans. Par ailleurs, je
viens d’achever mon dernier roman et d’en commencer un autre  Le
principe d’écriture pour chaque roman essaie de respecter les règles
de ce que pompeusement je pourrais appeler « un projet esthétique » ;
à savoir : une thématique contemporaine étayée par des témoignages
vivants autant que des écrits théoriques ou de la documentation
piochée dans la presse ; une écriture qui tente de reproduire «
l’éclatement du monde » propre à notre réalité (c'est-à-dire une
multiplication des approches d’une même réalité : du « je »
introspectif à ce « nous » statistique des faits sociologiques) et une
intrigue resserrée autour d’un nœud qui met le personnage en conflit
avec tel ou tel aspect du monde contemporain. Dans mon dernier
roman,Devant la nuit, il s’agit d’une vieille dame qui a toute sa tête
mais qui comme tant d’autres, se retrouve diminuée à cause d’une
fracture du col du fémur qui peu à peu lui retire son autonomie. En
maison de retraite, elle va forcément engager le grand tête à tête
avec elle-même, son passé, et un avenir dont l’horizon est bouché
d’avance. Qu’est-ce que finir sa vie dans une maison de retraite dans
la pleine conscience de ce que l’on vit ? C’est la question qui m’a
habitée en écrivant ce roman.

Pourquoi écris-tu et comment ?
J’écris parce que, comme tous les gens qui écrivent, je crois avoir
quelque chose d’intéressant à dire ! Tout du moins, une parole
singulière, irréductible. Au départ, les raisons qui poussent à écrire
sont confuses ; ça n’est jamais qu’un moyen d’expression auquel on a
recours parce que peut-être, les échanges verbaux nous semblent
parfois insuffisants à pénétrer les énigmes de l’âme humaine. Et puis,
l’admiration des auteurs se mêle à ces timides tentatives pour former
peu à peu un projet achevé. Un jour vient où l’on se tient à ce désir
d’aller jusqu’au bout et c’est là qu’on se rend compte qu’écrire est
une expérience complète faite de dépassement de soi, de frustration,
de volonté, d’instinct. Pour ce qui est du comment, je sais qu’avant
d’écrire, je me pose toujours la question de savoir « à quoi va servir
ce livre ? » afin qu’elle oriente l’éclairage que je vais apporter sur
telle ou telle question. Du coup, mes recherches puis mon chapitrage
suivent une direction assez rigoureuse. Une fois que je sais où je
vais, je laisse à la spontanéité du langage faire le reste.


Mes influences ?
Je ne vais pas me lancer dans un listing d’auteurs admirés…Il y en a
tant ! Par contre, quand j’écris, je pense souvent à Philip Roth : il
incarne l’écriture moderne par excellence, libre et savante, drôle et
profonde, contemporaine et universelle…et puis c’est un auteur vivant
et il faut rendre hommage à ceux qui sont encore de ce monde( pourquoi
attendre qu’un auteur soit mort pour affirmer son génie ?)
En peinture, je suis bien servie puisque j’ai la chance de vivre avec
le grand peintre Christophe Avella-Bagur (dont un des tableaux sert à
l’illustration de ma couverture). C’est mon coup de cœur permanent, si
je puis dire…


As-tu un blog ? un site ?
Mon blog est le suivant : reinebale.canalblog.com


Qu’est-ce qui te fout en rogne ?
A peu près tout ; je suis d’un très mauvais naturel, limite acariâtre !
Non, bien sûr, je plaisante, mais la question est vaste…


Une question que tu trouverais stupide ?
Je vais conserver un peu d’humilité et déclarer démagogiquement
qu’aucune question n’est vraiment stupide.

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