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Editions Chloé des Lys
13 novembre 2010

Marcel Baraffe

 

Interview

Marcel Baraffe

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Pseudonyme ou nom réel ?

Changer de nom, quelle idée ! Un autre « moi » à assumer, non merci. Une autre date de naissance à la rigueur, à condition que tous ceux que j’aime m’accompagnent dans ce grand saut dans le temps.

 

Français ?

Mon passeport dit que je suis né à Douai mais je parle ch’ti avec l’accent de Valenciennes. J’ai franchi ma première frontière au cours des dures années d’après-guerre alors qu’enfant, j’allais acheter du café en Belgique avec mes parents. Ensuite, j’ai vécu et travaillé à Pékin, Banjul, Mexico, Hanoi, Meknès, Marrakech, Shanghai. J’ai passé mes premières années de retraite à la Réunion et j’habite maintenant en Drôme provençale, pays des nuits claires et du ciel étoilé.

 

Retraité donc, mais de quoi ?

J’ai été radié (c’est le terme administratif) des cadres de l’Education Nationale, il y a quelques années.

J’ai enseigné la littérature, la linguistique. On se lasse finalement de travailler sur les textes des autres et on a envie un jour de produire les siens, surtout quand on dispose enfin de temps.

 

Ah bon ! Tu écris ! ?

Pourquoi pas ? J’ai commencé, il y a fort longtemps, par des poèmes. Apprendre à maîtriser des règles rigoureuses pour s’en libérer semble être une bonne démarche ; ce n’est pas forcément du goût de tous les lecteurs. J’ai abordé ensuite le roman, historique et de fiction ; et dernièrement, les nouvelles, pour dire ma désillusion.

 

Pessimiste, donc ?

Comment ne pas l’être ? Merlin est mort. Nous sommes entrés dans l’ère du désenchantement. Avant celui de la révolte, qui sait ? La technologie a bouté la science. La philosophie, les religions, l’économie, la culture ne sont que de fragiles constructions de l’esprit humain. Notre univers est un assemblage d’atomes et de molécules que quelques lois physiques et mathématiques agitent. D’ailleurs, de nos jours, on parle autant de CO² que de football. C’est rassurant.

 

Pessimiste, mais pas complètement !

Un de mes romans s’intitule Comme une vague inquiétude, une fiction sur  les nouvelles formes d’aliénation.

Mais il y a quand même de bons moments. Tenez ! J’ai apprécié dernièrement le mauvais tour joué aux média et aux hommes politiques toujours prêts à sortir de leur besace de vibrantes oraisons funèbres, par ce grand anthropologue faisant annoncer sa mort alors qu’il était déjà enterré.

Et puis, il reste les montagnes, les forêts et (si l’on oublie la chasse à la baleine, la pêche au thon, les plateformes pétrolières, les plages touristiques de rêve, les supertankers, les sous-marins atomiques) la mer et son rayon vert (il faut avoir lu Ultiméa pour comprendre cette remarque.)

 

Chloé des Lys ?

Une maison d’édition qui ne ménage pas ses efforts pour faire connaître des auteurs. 200%  ― pour reprendre une expression chère aux sportifs quand ils parlent de leur forme ― des romans de science-fiction publiés chez nous sont des traductions de l’anglais. Si cette langue était encore mieux enseignée dans nos collèges et nos lycées, ces œuvres pourraient être commandées directement aux USA ; ce qui ne serait pas du goût de certains de nos éditeurs, amenés ainsi à s’occuper davantage des productions locales.

 

Ultiméa est donc un roman de science-fiction ?

Exactement ! Quelques références scientifiques sérieuses  et ensuite, c’est l’imagination qui fait le reste : une aventure certainement presque aussi fascinante que celle de mes personnages.

 

Et les autres ? Six de tes romans traitent de la Chine, Pourquoi ?

De la Chine ancienne. Celle des guerres de l’Opium, de la révolte des Taiping, du premier empereur Ming, du premier empereur Qing. Le dernier, Brume de sang, qui vient de paraître, est inspiré de la vie de Li Po, un poète du 8ème siècle. J’ai bien dit de la Chine ancienne. Ce pays, en ces temps lointains, c’était comme une autre planète pour les Occidentaux. J’ai connu les débuts de la Révolution Culturelle, comment ne pas être marqué par ce pays ?

Un petit détour par mon site http://chine-anciene.e-monsite.com et mon blog http://marcel.baraffe.over-blog.com pour en savoir, peut-être, un peu plus !

 

Pour toi, qu’est-ce qu’un bon livre ?

Difficile de répondre. Il est beaucoup plus facile de dire ce qu’est un mauvais livre

 

Qu’est-ce qu’un mauvais livre, alors ?

Le mauvais livre, c’est celui qu’on prête aux amis en espérant qu’ils ne le rendront pas.

Les livres qu’on prend plaisir à relire sont certainement de bons livres. Je me suis replongé dans les œuvres de Conrad, de Garcia Marquez, de Borges pour n’en citer que trois.

 

Une dernière question, pourquoi écrire ?

Pourquoi respirer ? Mais on ne répond pas à une question par une autre question. L’écrivain, l’artiste en général, pour moi, a la même fonction que les lunettes qu’on se met sur le nez pour voir les films en 3D : rendre palpable l’imaginaire. J’ai aimé Avatar et ses décors de planètes qu’on n’atteindra jamais.


 

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