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Editions Chloé des Lys
21 novembre 2008

Fanny Charpentier

Interview

Fanny Charpentier

La Mer en hiver et autres éclaircies

Nouvelles

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1. Pseudo ou nom réel ?
Mon vrai nom. J’ai commencé un blog avec un pseudo (Emma Stuyts, du nom de mon amoureux) car j’avais peur de ce que pourrait penser… mon chef de mes écrits ! Quand Chloé des Lys m’a annoncé que le livre verrait le jour, j’ai ressenti le besoin qu’y soit inscrit le nom de mon père, celui qu’il m’a donné. Peut-être parce qu’il n’a eu que des filles… J’ai eu envie que son nom continue à exister, même sans descendance masculine…


2. Tu habites où ?
A Ecaussinnes, par hasard. On cherchait une maison à acheter, pas trop chère, et on voulait pouvoir aller travailler à Bruxelles et Charleroi en train. Je ne regrette pas mais mon cœur sera toujours à Blaton (des gens qui font la fête à
la Toussaint, qui l’ont toujours fait, bien avant Halloween, ça ne s’oublie pas).


3. Sucré ou salé ?

Sucré. Salé. Mes nouvelles sont sucrées, car pleine de sentiments, mais aussi salées, car on y pleure finalement assez souvent. Rien d’écœurant, rassurez-vous.


4. Ton job ?
Je travaille comme porte-parole d’Infrabel, la société qui gère le rail en Belgique. Et je suis une vraie petite cheminote : j’invite qui râle sur la ponctualité à visiter notre centre de gestion du trafic (l’équivalent d’une tour de contrôle dans un aéroport) pour comprendre à quel point on est loin du papier à musique ! On peut râler sur ce qui ne va pas, pas sur ce que l’on ne connaît pas.


5. Un souhait ?
Ne jamais devenir une vieille femme acariâtre. Garder mon âme d’enfants et les rêves et croyances qui vont avec. Accepter la vie et ses détours, ses travers, ses renonciations. Ca fait trois souhaits, mais les bons génies en accordent toujours autant.


6. Pourquoi t’es chez Chloé des Lys ?
La culture est hyper standardisée, surtout l’écriture. Si vous n’êtes pas fils de star, que vous n’écrivez pas votre biographie romancée, que vous ne dites pas du mal de votre voisin, que vous n’êtes pas pédophile, drogué, terroriste, échangiste, d’une minorité quelconque (surtout sexuelle ou abusée), alors, vous pouvez aller jeter directement votre manuscrit à la poubelle. Si en plus, vous avez eu l’outrecuidance d’écrire des nouvelles, apprenez le crochet. Chloé des Lys donne de l’oxygène aux lecteurs, qui ne sont pas aussi stéréotypés, eux, que les critiques et agents littéraires bruxello-parisiens.


7. T’écris quoi ?

Des nouvelles, parait-il. Je préfère dire, comme mon amoureux, que j’écris des sentiments. Les jolis comme le désir, l’amour, la tendresse, mais aussi les pires comme l’avidité, l’indifférence, l’égoïsme. Dans les deux cas, j’aime que le mal soit empreint au moins d’une toute petite lumière (sinon, ça fait trop peur) et le bonheur pas trop rose (sinon, ça étouffe). J’aime essayer de décrire les gens comme ils sont dans la vie. Souvent, d’ailleurs, tout part d’une sensation éprouvée au détour d’un regard croisé par hasard.


8. Qu’est-ce qui te fout en rogne ?
De vivre dans un monde que je ne comprends pas. Pourquoi les gens ne se disent pas bonjour, par exemple. Cela fait plus d’un an que je prends le train tous les jours avec les mêmes personnes et je n’en connais aucune ou presque.


9. Tes livres cultes, tes films cultes, tes personnages cultes ?
« L’alchimiste » a vraiment changé ma vie, enfin, ma façon de voir la vie. A part ça, « La bicyclette bleue » (j’étais adolescente !) m’a donné envie de devenir une héroïne ordinaire. Modiano m’a donné envie d’écrire car j’ai découvert que l’on pouvait rédiger de façon non conventionnelle, sans s’encombrer de descriptions précises sur les lieux ou les personnages. Le Clézio m’a soufflé que l’on pouvait aussi écrire des nouvelles et les voir publiées. Il y a des centaines de livres qui m’ont apporté quelque chose, y compris des idées sur ce que je ne voulais pas faire. Ma mère était libraire et nous a toujours inviter à lire. De tout, à tout âge, sans jamais faire de tri dans nos lectures. Merci, maman !


10. Quelle est la question la plus stupide qu’on pourrait te poser ?

Si j’aime la mer en hiver. A mon avis, on ne pose pas cette question à une Belge. Pour nous, la mer du Nord ne se donne à voir que sous un ciel gris, entre les fines gouttes d’une bruine froide. Et les joues battues par le vent, on sait que l’on vit. Peut-être pour pas grand-chose mais ce spectacle de vert, bleu, gris, brun, ocre qu’aucun peintre n’a jamais su rendre est déjà quelque chose qui vaut la peine.

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