Pierre Rive
Après de nombreuses publications dans les revues, sont parus en 2006 deux volumes d’expressions poétiques aux Editions Chloé des Lys. Il s’agissait d’une compilation de textes (1994 - 2004)
Pierre Rive /Ecriture Volume 1
Pierre Rive/ Ecriture Volume 2
Toujours chez le même éditeur, et à lire absolument, un autre ouvrage de l’auteur intitulé « Parcs »
On y retrouve indéniablement de l’expression poétique, et des nouvelles éparses. Ce qui peut déranger un créateur d’où qu’il vienne, et cela malgré une certaine sensibilité, c’est la stupidité de son entourage. C’est pourquoi, le lecteur trouvera quelques critiques sur notre civilisation. Choses qui étaient déjà présentes dans les ouvrages précédents.
Dans ces promenades à travers les parcs, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas…
« PARCS » Pierre Rive
(Extrait)
Des belles de nuit ! Certainement une bonne valise de souvenirs. Des belles et des moins belles. Des jeunes et des moins jeunes. Des brunes, des blondes, des rousses… Des rondes ou effilées. Je n’en tire aucune gloriole. Néanmoins, cela a fait partie de ma vie pendant des années, et c’est un fait. Ce que l’on appelle le donjuanisme n’est pas toujours empreint à la négation. Car, un adolescent pusillanime peut y trouver un véritable épanouissement. A condition, bien sûr, de se conduire avec tact. Je me souviens de cette nuit où Daniel m’a déposé avec sa 2cv dans un petit village. Il m’a souvent dépanné lorsque j’avais rencard avec une gracieuse. Daniel était un blondinet lymphatique qui avait toujours aux lèvres un mégot qu’il mâchait comme un bambin, une tétine. Je l’ai vu rarement s’énerver. Sauf, le jour où l’on s’est réveillés la langue pâteuse dans un fossé avec la fameuse 2cv. Le blondinet est entré dans une colère ! Il est sorti de la charrette en postillonnant, brassant les nuages et invectivant le ciel… Et puis, toujours sous le joug du courroux, il a ouvert le coffre de son bolide et a sifflé cul sec la moitié d’une bouteille de whisky qui restait à traînailler… Ce geste m’a toujours étonné. Avec le recul, je pense que c’était digne d’un grand de ce monde – n’est-il pas ? ! Sacré Daniel ! A cette époque, il n’y avait pas de contrôle technique, et sa voiture était un vrai tas de boue. On pouvait y voir à travers le plancher ; il y avait plein de cadavres de flacons qui roulaient à chaque virage. J’entends encore cette douce musique… Pareillement, le téléphone portable n’existait pas. Et, c’était une angoisse permanente pour converser, d’autant plus qu’il y avait quatre parois vitrées, il suffisait de trouver la bonne… ! Dans le petit village, j’ai marché tranquillement comme un oiseau lunaire qui cernait sa proie. J’ai fait le tour de l’agglomération parmi les maisons aux paupières mortes. J’ai toujours aimé la nuit et ce silence intense qui vous pénètre les veines. Avec, dans les ruelles de la tête tous les rêves à venir. Je lui avais dit deux heures du matin. Je l’avais rencontrée la semaine précédente à une soirée. Dans les soirées, et c’est toujours d’actualité, on parle de tout et on parle de rien. Mais, la seule chose que j’avais remarquée, c’était la beauté de son visage. Je lui avais dit deux heures du matin, car elle habitait une maison en pierre au fond d’un jardin. Sa chambre se trouvait au premier étage, et ses parents dormaient au rez-de-chaussée. Les géniteurs gardaient précieusement la jeune femme entre quatre murs avec une vanité excessive. J’avais entrepris d’escalader par la gouttière, cela afin de pouvoir accéder à l’oreiller percé de la mignonne. Je ne savais pas pourquoi, mais à chaque fois que j’entreprenais ce genre d’ascension, j’avais des ailes qui me poussaient dans le dos. Etait-ce mes trois ans de gymnastique au club de… ? La chevrière en question était une fine fleur de la faune française. Une jolie brune, la chevelure ondulée, un fessier à vous faire perdre votre nom, un grain de beauté au-dessus de la lèvre supérieure et un autre sur le sein gauche.
Une histoire à vous rendre gâteux !!
J’étais presque rendu au bout de mon escalade, lorsque la gouttière s’est soudainement descellée de la pierre. J’ai atterri avec force sur la serre à laitue de ces braves jardiniers. Il est bien évident que cette mésaventure a réveillé tous les chiens du quartier, et les volets du plain-pied ont crié :
Au voleur ! Au voleur ! Au voleur !
Le temps de me planquer derrière la haie d’une maison avoisinante.
J’ai vu les gyrophares clignoter.
Un scintillement absurde.
( Parutions dans la revue verso et le site 1000 Nouvelles)
Pierre Rive